DE MAGNIFIQUES COQUILLES VIDES...

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    Ami(e) Brestois(e)
   
   
Le temps des « billets » de mauvaise humeur est passé et il va falloir porter sur la place publique, chacun dans notre domaine, des arguments pour maintenir à Brest les collections historiques du service historique de la Marine de Brest et contrer ainsi la restructuration qui se préparait « en catimini » depuis de longs mois voire des années…

    Le partage des collections à provenir de Brest et de Cherbourg ne sera pas aisé à effectuer par nos amis lorientais et rochefortais. Mais il est vrai que l’appétit vient en mangeant. J’ai eu beau chercher, à Lorient, je ne trouve pas d’écrin non bétonné disponible à proximité du quai des Indes pour accueillir les collections brestoises ; il n’en est pas de même à Rochefort qui dispose de magnifiques coquilles vides prêtes à accueillir les fonds anciens.

    L’actuel SHD, département Marine de Rochefort me paraît bien à l’étroit rue du Port et bien incapable de loger en son sein les collections à venir. Toutefois, Rochefort dispose d’imposantes ressources immobilières à proximité immédiate, appartenant en propre à la Marine, cédées ou en cours de cession à des partenaires locaux (Mairie, conseil régional, etc.) Parmi celles-ci, l’on peut mentionner, entre autres :

      - le pavillon de l’ancienne école de chirurgie de la marine, maintenu par miracle – et par interventions politiques, depuis 1983 – « sous curatelle », puis transformé en 1986 en établissement public administratif du Musée National de la Marine – en aparté, une belle piste à étudier pour Brest –

      - Le centre international de la Mer et sa magnifique Corderie royale dont le fonds documentaire de « 24 cartons d’archives» est certainement tout disposé à partager son espace avec les milliers de registres et cartons brestois et cherbourgeois.

Et enfin, atout, du moins jusqu’à cet été :

      - le superbe « magasin aux vivres » conçu par Le Vau, construit de 1671 à 1677, dont la sauvegarde fait l’objet d’une importante campagne de promotion à l’échelon local et régional et d’une « guéguerre » municipale – Municipalité contre Tous, Modernes contre Anciens - sur son affectation (patrimoniale ou commerciale, dont casino).

    L’une des associations nationales en pointe dans sa réhabilitation : la société pour la protection des paysages et l’esthétique de la France (S.P.P.E.F.) dispose d’un relais doublement engagé dans sa sauvegarde, en la personne de son délégué local, M. Marc Fardet qui possède une autre casquette, celle de conservateur du service historique de la marine de Rochefort… A l’heure actuelle les « Modernes » de la mairie possèdent l’avantage et ont leur projet de construction hôtelière et commerciale mieux engagé que le projet de réhabilitation des « Anciens », dont M. Fardet.

    Sans avoir beaucoup de suite dans les idées il me paraît cohérent de faire le lien entre cette politique de mise en valeur, d’extension du patrimoine de Rochefort et l’annonce du transfert des collections de la Marine en provenance de Brest et Cherbourg. Mais j’extrapole probablement…

    De toute façon le sus-mentionné, M. Fardet, a plus d’une carte dans son jeu.

    Son atout maître, celui qui lui donne à lui et à son service historique de Rochefort une pérennité confortée par les "poids lourds" politiques locaux de droite comme de gauche (M. Raffarin, président du conseil régional de Poitou-Charente, 1988-2002 et Mme S. Royal, présidente, depuis 2004) c’est que le Service historique de la Marine de Rochefort est « partenaire-pivot » pour le projet d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO de l’Arsenal maritime de Rochefort.

  Mazette. Mais oui, m’sieur ! rien que ça…

Quelques explications s’imposent, je cite : « Dès 2000, l’Arsenal maritime de Rochefort a été inscrit sur la liste indicative du Patrimoine mondial par l’Etat français (Ministère de la Culture, Direction du Patrimoine). Le Syndicat mixte du Pays Rochefortais [sous-marin du Conseil régional], avec l’appui d’une Mission technique UNESCO s’est engagé depuis février 2003 dans un projet de candidature sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO [paysage culturel évolutif]».

    Ce projet grandiose, à l'échelle d'une carrière ou d'une vie, s’inscrit dans une « Charte patrimoniale » [voir adresse@ infra], énumération précise d’orientations et d’engagements « que les collectivités pourront progressivement traduire par des procédures réglementaires spécifiques.. ». Parmi ces orientations et procédures, dont - le vol est totalement exclu -, à l’article III-I-3, je cite in extenso :

« Conserver, identifier et diffuser les éléments de la mémoire et du patrimoine –
Le renforcement de la diffusion, de la consultation, de la conservation et de l’identification des documents prolongera l’action conduite par chacun des dépositaires dans son domaine (fonds de bibliothèques, archives et collections).
Les inventaires informatisés et leur numérisation, en mentionnant leurs localisations physiques et les conditions d’accès, permettront de favoriser les recherches ou leur découverte in situ ou de manière virtuelle.
Par ailleurs, le maintien des archives de la Marine à Rochefort est indispensable afin que cette source essentielle reste un fonds de travail et de recherche accessible à tous pour une diffusion de la richesse patrimoniale et culturelle et pour la promotion du territoire. »

[je souligne]

    Je précise, mais est-il nécessaire de le souligner, que M. Marc Fardet, conservateur du service historique de la marine à Rochefort est l’un des participants à l’élaboration de la charte patrimoniale.

    Amis brestois, je crois qu’il est temps de prendre conscience que le déménagement des archives de la Marine de Brest vers Lorient et surtout Rochefort entre dans une stratégie patrimoniale globale, réfléchie, politiquement mise en œuvre d’une manière volontariste, depuis les plus hauts sommets de l'Etat et cela depuis 2000.

     Aujourd’hui nous entrons dans la phase active du processus : celle du renforcement du terreau patrimonial existant à Rochefort, celle du remplissage des magnifiques coquilles vides rochefortaises et lorientaises, quitte pour cela  à dérober - pardon, transférer - les collections patrimoniales mal défendues, telles que celles de Brest ou de Cherbourg.
        Pour Rochefort et les dizaines de signataires de "leur" Charte patrimoniale il s'agit d'un contrat d'objectif qui s'inscrit dans le temps et la durée. Ils sont en marche depuis longtemps et ont plus d'une longueur d'avance. Malheureusement pour nous.

                                                                            François OLIER (Brest)


Messieurs et Mesdames les Elus brestois et finistériens, ouvrez les yeux !

Mobilisons nous !

Brestois, ton patrimoine fout le camp !



Merci à mes amis rochefortais Jacques et P.-M.        A bientôt pour Brest 2008...

A LIRE : http://www.poitou-charentes.fr/fr/doc/rochefort-charte.pdf


A LIRE BIENTOT :
« Le jeu des chaises musicales parmi les conservateurs du SHD (2008-2012)… ou d’une certaine compréhension de l’annonce de la fermeture de la bibliothèque et des archives anciennes de la Marine de Brest. »



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